[Société Ouverte] Lettres à Xavier
Lettre à Ksawery n°1
Cher Ksawery,
Je viens juste d’avoir une révélation que je dois absolument te partager.
J’ai récemment rencontré Hugues et les indiens, il me semble que tu connais ces makers fous qui s’appliquent à transmettre leur philosophie du partage issue du monde du libre. Ces bricoleurs bienveillants qui prônent le Do-It-Yourself m’ont enseigné leurs convictions. [que je résumerai grossierement ainsi :
se réapproprier les moyens de production et de transmission, s’impliquer dans des projets pour mieux cerner les tenants et aboutissant de chaque technologie, mieux comprendre les enjeux et avoir un sens plus aiguisé des réalitées, et pour s’accomplir à travers des projets concrets,
transmettre ses compétences et connaissances, et apprendre des autres, pour créer un réseau culturel collaboratif en constante évolution,
partager les plans et les methodes de fabrications, et promouvoir la collaboration et la reproduction des projets ailleur dans le monde, en développant différentes variantes, pour favoriser la diversité au sein de ces projets.] <- Indispensable ?
Au fur et à mesure de nos discussion, je me suis rendu compte à quel point leur philosophie de vie était complète : l’individu reprendre tout son pouvoir, il n’est plus insignifiant dans une société qui a déjà tout organisé pour lui ; et cela s’accompagne d’une volonté de partage des connaissances et d’une collaboration qui lie les personnes les unes aux autres pour créer de véritables communautées créatives et productives. Et j’ai réalisé qu’il est possible d’aller encore plus loin, en l’appliquant à l’ensemble de la société. La production de biens et de services, les entreprises, l’éduction et la santé, mais aussi les textes de lois et la politique, tout pourraient être développé selon ces principes issues du monde libre.
Evidemment une multitude de possibles émergent d’un tel paradigme ; et au lieu d’explorer seul ce nouvel univers, je préfère t’inviter à ce voyage plein de promesses qui me semble être le début d’une longue aventure.
Que t’évoques cet hypothétique modèle de société ? Est-ce un terrain fertile pour inventer une nouvelle idéologie politique ? Aurions-nous affaire à un dangeureux ‘isme’ qui viendrait à la suite des communismes, capitalismes, liberalismes ? Ou bien à une précieuse utopie concrète ?
C’est un vertiable plaisir de partager cet imaginaire avec toi, j’espère avoir réussi à transmettre cette euphorie qui m’anime, et attend tes réactions avec impatience,
Artuš
Lettre à Ksawery n°2
Cher Ksawery,
Je vois que ma lettre ne t’a pas laissé insensible, et je m’en réjoui. Le fait que tu ne plonge pas dans un optimisme débridé me plait, c’est grace à ces critiques constructives que nous pourrons créer de solides bases pour une société ouverte.
Pourtant, moi même trop optimiste, j’ai du mal à m’imaginer tous les dérapages qui pourraient advenir.
Comment la société ouverte pourrait-elle virer au cauchemar ? Elle pourrait éventuellement devenir un nième “isme” si une masse critique de citoyen invoque cette idéologie à toute les sauces, sans se soucier de la confronter à la réalité, et justifiant ainsi d’actes qui n’auraient rien à voir avec elle. Perpective plausible mais nous en sommes loins, je ne suis pas inquiet.
En revanche, il est primordiale de toujours rapprocher au maximum le concepte de société ouverte à la réalité. Il me semble indispensable d’experimenter et de le confronter au réel en plus de le théoriser.
Comme tu le remarques, il sera difficile d’assumer notre pouvoir politique citoyen au quotidien. Cela demandera un investissement régulier, il me semble qu’il faudra transformer nos sociétés pour mettre au centre une nouvelle politique horizontale ; par exemple en organisant des temps de réfléxion collective hebdomadaire, en modifiant l’éducation pour impliquer les élèves dans la société et pour les sensibliser, en démocratisant les forums citoyens, en développant les lieux de débats, etc…
Pour moi, la distance croissante entre citoyens et politiques est à la fois un symptome et une cause du dysfonctionnement de nos sociétés. Il me semble qu’en nous impliquant plus dans la politique, et en arrêtant de nous sur-spécialiser, nous aurions à la fois un regard plus avertie et plus humble pour prendre des decisions mieux réfléchies.
Nous devons de toute façon assumer nos responsabilités, il n’est plus possible de se cacher derrière nos élus tout en les critiquants ; puisque nous sommes physiquement contraint de vivre ensemble dans un espace limité, il devient urgent de réfléchir et de prendre nos décisions collectivement.
Ton idée d’aller à la rencontre d’artistes et d’intelectuels intéressé par la prospection et la fiction est superbe ! Cela me semble un exellent moyen de confronter ce projet à d’autres personnes, de transmettre un message, et en quelque sorte de le concrétiser.
Promis, demain je résèrve des places pour la conférence d’Alain Damasio.
C’était un plaisir de lire ta lettre, un autre de te répondre, et j’attends la suite avec impatience,
Arthur